Altitude : 1550 mètres. Abriès doit peut-être son nom à "ad Bricos" (près des
"brics" = sommets), c'est à dire à sa situation au pied du Bric Froid (3302
m.), du Bric Bouchet (3216 m.)... Le nom s'est transformé en Abrii (1110), Abrici,
puis Abriès. L'origine peut aussi venir du nom latin "apricus": exposé au soleil;
en provençal: "abria": abriter. Le village a aujourd'hui près de 276 habitants
(2002). Il en avait près de 1900 à son maximum en 1831.
Au confluent du Guil et du Bouchet, centre d'échange avec le Piémont et grand
centre de foire : c'était l'époque où les gorges du Guil vers Guillestre formaient
une barrière et où le commerce à dos de mulet franchissait les Alpes vers le
Piémont. Les Queyrassins apportaient à Abriès, bétail, fromage, laines et objets,
les Piémontais, le riz, les pâtes, les fruits et les légumes. En 1257 Abriès
devint une "ville de marché" sorte de "ville franche". En 1609, une grande halle
fut construite. Abriès fut prospère. (jusqu'en 1 856 date de l'ouverture de
la route vers Guillestre).
Elle a été souvent victime des inondations (en 1948, 1957) ; la plus grave
: 1733 dont on conserve la mémoire : procession et inscription sur un mur de
protection :
"Si mon pied ne s'ébranle pas Ma tête ne craint pas J'ai quatre toises sous
moy (1 toise = 2 métiers) Je me moque de toi." (Le Bouchet)
Entre l'eau et le feu, les "abriaïres" (nom en patois des habitants) ont eu
du cran de s'accrocher là . Avalanches de 1706 emportant... 71 maisons ; incendies,
dont le dernier en 1921. Mais pires étaient les guerres ; lieu de passage, Abriès
a été ouvert aux envahisseurs. En 1690, les alliés "savoyards" et huguenots
brûlent Abriès et Ristolas. Plus près de nous, première évacuation en 1940,
puis arrivée des troupes italiennes qui occupent Le Roux; les paysans traversent
avec un laissez-passer pour travailler leurs terres. C'est l'été. Mais le conflit
s'envenime. Abriès tient. Les italiens laissent dans la vallée près de 500 morts
et plus de 1000 blessés.
|
Les batteries du Bouchet ont arrosé le secteur... La
Libération épargnera-t-elle Abriès ? Non ! Les allemands tiennent durement.
Puis ce sont les Tabors marocains qui arrivent avec, à leur tête, le colonel
Colbert De Turgis (tué peu après à Abriès). Un coup de main allemand prend les
troupes par surprise. Le lendemain, 13 septembre, les allemands anéantissent
par le feu Le Roux et 160 maisons sur 220 d'Abriès ; ils resteront sur les hauteurs
jusqu'en avril 1945. Abriès sera citée à l'ordre du corps d'Ar mée, puis reconstruite
avec l'aide de l'Etat, selon un nouveau plan, avec de grosses fermes.
Serait-ce le découragement ? Entre 1953 et 1965, on ne célèbre plus que 2 mariages
et la population chute à moins de 200 habitants !
La vie reprend cependant le dessus dans ce pays courageux, qui a toujours innové:
en 1897, il avait construit le premier hôtel de la région (45 chambres) ; cette
année là , il avait été la première commune rurale desservie en électricité.
En 1911, le car avait remplacé la diligence. En 1930-31, le ski fait son apparition
; les touristes anglais arrivent.
En 1945, un camion relaie les 10 mulets qui déblayaient encore la route du
Roux avec un chasse-neige en bois (en 1930, il y avait alors 50 bêtes de bât).
En 1951, c'est la première motofaucheuse. Puis l'adduction d'eau: finies les
corvées d'eaux à deux, avec des seaux de bois de 20 litres. En 1960 c'est le
premier téléski financé par les habitants.
|