A 2040 mètres, Saint Véran est la plus haute commune d'Europe. Elle tient
son nom de Véran, ermite devenu archevêque de Cavaillon qui, au VIème
siècle, réussit là où des dizaines de guerriers avaient échoué en perdant
la vie dans la gueule d'un terrible dragon. Il l'empoisonna et, celui-ci
hurlant de douleur depuis le Vaucluse, se traîna dit-on, sanglant, le
long de la Durance et vint mourir dans l'Aigue Blanche. Les bergers transhumants
de Provence vinrent annoncer la nouvelle comme dans les six autres villages
traversés par ce dragon blessé qui, tous, reçurent le nom de Saint Véran.
275 habitants peuplent aujourd'hui (2002) ce village qui en connut 870
à son maximum, semble-t-il en 1886. Les bêtes sont plus nombreuses que
les hommes : 70 bovins (500 autrefois) et 200 bovins transhumants ; 500
ovins et 2500 ovins transhumants l'été.
Le village, en entier sur la pente de schiste, se traverse d'abord dans
ses hameaux de la Chalp (1774 m.) et du Raux (1930 m.). Le hameau principal
le Travers se visite à pied (la circulation interne est réglementée).
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Les quartiers, autrefois isolés, sont encore identifiables. On avait
tenu à leur séparation contre les risques d'incendie (en 1526, le Travers
aurait entièrement brûlé, ainsi que le Raux en 1882). Ces quartiers sont,
Peyrebelle (avec le temple), le Villard, plus à l'Est, la Ville (avec
l'église), le Châtelet, les Forannes ; chacun avait sa fontaine, son four
à pain.
Les maisons de bois constituent un vrai musée de maisons, même si elles
ont été modifiées, ici et là, pour le tourisme. Au dessus des portes,
le nom du propriétaire, en initiales (EMFE = Etienne Marrou fils d'Etienne,
par exemple) précédées parfois de W (longue vie à), avec la date de construction
ou de réparation. La plupart sont postérieures à 1750. On trouve sur certaines
le calendrier révolutionnaire.
Le premier hôtel (Beauregard) date de 1934 ; le premier téléski, de
1936 ; le village peut aujourd'hui accueillir, en hôtels et gîtes, 1400
personnes. "Montjoie", construit en 1937 par l'architecte Couelle, et
remonté, chevillé avec d'anciennes poutres, devait donner le départ, à
une "haute route des neiges".
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